Passion, générosité et éclectisme artistique définissent assez bien le parcours hors norme du coiffeur exceptionnel qu’était Lluís Llongueras, dont l’énergie créatrice a entraîné la coiffure pendant des décennies.
Lluís Llongueras a quitté ce monde le 29 mai 2023 à l’âge de 87 ans. Ce personnage haut en couleur nous a éclairés par sa joie de vivre, son humour, ses talents multiples, lui qui s’est réalisé tout autant comme coiffeur que comme sculpteur, s’essayant aussi à la peinture, à l’écriture ou à la musique ! En semi-retraite depuis qu’il avait rejoint Provalliance en 2018, il n’a jamais totalement lâché les ciseaux et la création, signe d’un esprit en ébullition depuis ses 14 ans, lorsqu’il a commencé en salon avant de s’imposer comme une référence mondiale dans les années 70. Sa rencontre avec l’exubérant Salvador Dalí est centrale pour Luis. Il en gardera un petit grain de folie et un enthousiasme qui lui feront toujours considérer la coiffure comme un art en interaction avec tous les autres, au point de se lancer dans des performances sur scène, avec parfois des délires qui lui étaient propres. Une folie contrôlée qui pouvait déstabiliser ceux qui le rencontraient, mais qu’il ne manquait pas de rassurer par sa gentillesse et sa maîtrise. Ancré dans le réel, il a très rapidement mis la formation au cœur de ses priorités, en montant son immense académie et en conceptualisant sa méthode de coupe dégradée rapide, laquelle annonçait nombre des techniques progressives modernes. Toujours en recherche de nouveautés techniques comme artistiques, il essayait tout et a même breveté le diffuseur ou le peigne pour cheveux frisés. Il a par ailleurs su faire la promotion mondiale de ses méthodes avec les outils de l’époque via des livres et des vidéos. Toujours en phase avec son époque tout en restant fidèle à ses racines, c'est à Barcelone, dans sa Catalogne natale, qu'il a ouvert son premier salon et le premier salon de coiffure écodurable ; enfin c'est à Formentera qu'il a construit sa maison autosuffisante et durable, rappelle Jean-Philippe Sionneau, de Provalliance. Dans les années 60, il s’est inscrit avec humour dans les grands courants sociétaux, y compris féministes, déclarant : « J'ai décoiffé l'Espagne pour libérer les femmes. » Il prônait une égalité totale dans les parcours et les salaires. Ses styles échevelés parfois extrêmes célébraient des femmes fortes évoluant en dehors de tout carcan et de toute convention, affirmant une beauté sauvage et sans limites.
