Des féministes contre les coiffeuses ?

04/11/2014 Réglementation
Réglementation  Des féministes contre les coiffeuses ?

Un collectif féministe est parti d’une interrogation intéressante : « Les femmes paient-elles plus cher que les hommes les mêmes services ? », interrogation qui fait le buzz autour du thème de la discrimination et d’une supposée « taxe rose ». Hélas ! Le propos finalement très superficiel de Georgette Sand, c’est son nom, est repris en boucle sans analyse sérieuse par nombre de médias grand public. Et encore une fois, ce sont les coiffeurs (et surtout coiffeuses !) qui trinquent, pris comme exemple partout. Les femmes paieraient plus cher pour la même chose en salon. Outre le fait que cela est souvent faux, car il faut comparer à prestations et temps équivalents, le problème souvent évoqué dans nos colonnes est exactement inverse. Les femmes paient à peine le juste prix (entre 25 et 35 euros en shampooing /coupe /coiffage), car les coiffeurs sont sous-payés, comme le montrent régulièrement les études plaçant notre profession en queue de l’artisanat en termes de revenus, juste avant les toiletteurs pour chiens (!). Le vrai problème, c’est donc surtout que les hommes, eux, ne paient pas assez ! Ce qui change doucement. Certains coiffeurs hommes restent sur des tarifs modestes, autour de 25 euros, mais en étant plus rapides (même si la moyenne est sous les 20 euros), tandis que sur des prestations plus longues les prix commencent timidement à monter. Le collectif prend d’autres exemples mal analysés qui discréditent un peu leur propos, pourtant pas forcément idiot, en ce sens que le prix est une donnée à la fois objective (coût de fabrication et de distribution) et subjective (fixation en fonction de la perception du client). Alors, oui, un sac violet avec un design travaillé coûtera plus cher qu’un basique noir mixte produit en grande série ; et, oui, un rasoir rond à tête mobile aux huiles essentielles coûtera également plus cher qu’un autre à tête fixe vendu en masse aux hommes. Les prix se comparent à produits équivalents, ce qui demande un peu plus de travail de recherche que de vagues photos prises au smartphone dans la rue ou dans une boutique. Reste que le sujet a interpellé Bercy, qui ne doit rien avoir d’autre à faire, vu l’état de l’économie, pour éventuellement diligenter une étude… Espérons que contrairement à la dernière « analyse de fond » du Ministère de l’Economie sur nos tarifs, réalisée lors du passage à l’euro en ne prenant en compte que les salons parisiens et franchisés (soit 2% du marché), l’étude, si elle est lancée, sera plus sérieuse…

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