SE FAIRE RECRUTER

02/11/2018

L'  HISTOIRE D’UNE RENCONTRE

Au-delà des CV, un recrutement, c’est en partie une séduction mutuelle, le télescopage de deux aspirations et de deux visions. Y a-t-il des recettes pour aider le courant à passer ? Oui, malgré tout !

Interroger sur le profil idéal du candidat coiffeur, beaucoup de patrons ont des critères surprenants (en apparence) : « s’il vient au rendez-vous d’embauche à l’heure et qu’il est bien habillé, il y a 90% de chances que je le prenne ! ». Pas de miracle cependant dans la réalité, il ressort d’enquêtes Insee que nombre d’employeurs auraient aussi tendance à entretenir la pénurie de main d’œuvre en sur-sélectionnant les candidats, en se montrant trop exigeants.

Conscient de cela et confrontés à une relative pénurie de main d’oeuvre les patrons de salons  remplacent cette dernière exigence par la motivation. Un jeune avec peu d’expérience et peu diplômé mais qui en veux : je prends!  Mais il ne suffit pas de discours, les employeurs annoncent la couleur, le jeune devra donner de son temps pour être formé entend-on souvent. Chez certaines grandes franchises, l’exigence est carrément : « tu aimes ? Bienvenu dans la tribu, après nombre de stages et une première embauche dans un salon de l’enseigne mais à l’étranger ou au minimum loin de chez toi. »

 

PRÉPARATION, PRÉSENTATION, FEELING

Disponibilité ou dynamisme, voilà des termes souvent entendus qui n’ont pas toujours la même résonance selon que l’on est employeur ou en recherche d’un poste. Ils ne signifient pas être corvéable à merci, sans horaire fixe, comme le craignent, parfois à juste titre, les jeunes.

Pour un patron sérieux, ils signifient que le candidat, dans sa pratique et dans ses perspectives d’évolutions est prêt à s’investir, y compris pour des trainings ou des sorties exceptionnelles en dehors des heures de boulot. En ce sens l’entretien, téléphonique, puis en vis à vis, est capital pour faire connaissance et dissiper tous les malentendus. Un CV bien présenté ne suffit pas à faire passer le courant, tout au plus donne-t-il une bonne première impression qui risque d’être mis à mal dès le premier coup de fil. Se présenter, répondre à des questions simples, cela se prépare aussi.

Arrive enfin la rencontre, que les deux parties se doivent de bien préparer. L’employeur aussi ne doit pas improviser. Jouer le relationnel, raconter sa vie sans poser de questions pertinente ou sans écouter les interventions du candidat est courant. De même en détaillant trop le poste en oubliant d’interroger le candidat sur son profil. Deux personnes peuvent avoir l’impression que tout s’est bien passé et que le contact est positif alors que l’un et l’autre se sont simplement écouté parler sans prêter suffisamment attention à l’autre.

Les désillusions risquent d’être rapides ! Reste la part d’irrationnel, que d’aucun nomme intuition, et qui fait que quelque chose passe, ce critère n’est pas négligeable loin de là, mais c’est une petite loterie. Enfin n’oubliez pas que si tout correspond et que le courant passe, la question de la rémunération et des intéressements garde toute son importance !

FAUT IL PREFERER UN INDÉPENDANT OU UN FRANCHISE ?

Est-ce un avantage de faire partie d’un réseau ? Oui pour le soutien et la notoriété ainsi que pour les promesses d’évolutions de carrière. Un avantage similaire peut se retrouver dans une bonne enseigne régionale ou un indépendant multi salons, voire un gros salon. Les plus petites unités sont souvent appréciées par les amateurs de contact humain moins formel. A chaque profil psychologique son salon ! Gare aux entreprises « esclavagistes », les rumeurs de mauvaises pratiques circulent vites dans les écoles. Ces dernières ont souvent des accords de partenariat avec des salons et franchises pour placer leurs étudiants.

CE QUE DIT LA LOI

Un recrutement est toujours –un peu- subjectif rappelons tout de même les bases : « Aucune personne ne peut être écartée d'une procédure de recrutement ou de l'accès à un stage ou à une période de formation en entreprise, aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l'objet d'une mesure discriminatoire, directe ou indirecte, notamment en matière de rémunération, de formation, de reclassement, d'affectation, de qualification, de classification, de promotion professionnelle, de mutation ou de renouvellement de contrat en raison de son origine, de son sexe, de ses moeurs, de son orientation sexuelle, de son âge, de sa situation de famille, de ses caractéristiques génétiques, de son appartenance ou de sa non appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une race, de ses opinions politiques, de ses activités syndicales ou mutualistes, de ses convictions religieuses, de son apparence physique, de son patronyme ou, sauf inaptitude constatée par le médecin du travail dans le cadre du titre IV du livre II du présent code, en raison de son état de santé ou de son handicap [...] » Code du travail article 122-45

DÉCRYPTER UNE ANNONCE D’EMPLOI

Voici quelques petites astuces pour les chercheurs d’emploi ou les recruteurs. Petit détail, le manque de candidat donne un léger avantage au futur employé tant qu’il n’abuse pas ( Eviter: « quoi je n’ai que le Cap ? Je veux un fort salaire et je ne bosse pas le samedi ..! »).

Les informations importantes (profil, localisation) ou valorisantes pour l’entreprise doivent être immédiatement visibles, de préférence en début d’annonce.

Une annonce doit être assez précise sur le profil recherché, chacun évite de perdre son temps tant pour la formation que les qualité attendues (motivé, dynamique, débutant, souhaitant évoluer, temps partiel, etc.).

Rien ne sert, tant pour le recruteur que pour le candidat, de trop se survendre ou de tenir des promesses illusoires du genre « évolution de carrière assurée » pour un petit salon de deux employés ou la grosse unité positionnée « abattage », l’embauche risque de mal se passer pour tous assez rapidement.

Annoncer des primes, une ambiance particulière, des formations régulières, tout est bon pour se différentier au milieu de 400 annonces de recrutement. Certains donnent le salaire, la majorité évite préférant « salaire motivant ».

Grands classiques qui marchent : les fonds de couleurs, encadrement,  caractères gras , et logos: ils  valorisent l'entreprise et attirent l' oeil !

LA COIFFURE A BESOIN DE TOI !

Le secteur recrute fortement. Même si un net ralentissement a été ressenti depuis quelques années dans les intentions d’embauches des entreprises de coiffure, en cinq ans plus de 11 000 nouveaux postes ont été créés. Autant dire qu’un bon candidat est en position de force: c’est lui qui choisit encore son entreprise et non l’inverse.

Attention cependant : trop d’exigences, associé aux contraintes administratives classiques de l’embauche pour les plus petites entreprises ont souvent eu comme effet de simplement décourager les patrons dans leur recrutement, remis à une date ultérieure. Si l’artisanat a de tout temps été un ascenseur social, les perspectives de carrière aujourd’hui sont encore accéléré pour une raison simple : beaucoup d’entreprises ont été crées par des baby boomer qui vont bientôt partir à la retraite par dizaines de milliers et les trois quarts ne comptent pas transmettre à leurs enfants, mais à des éléments extérieurs.

Les coiffeurs ne cherchent donc pas seulement des employés, ils recrutent peut être aussi de futurs repreneurs...

Bonne chance !