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La Rédaction de L'Eclaireur www.leclaireur-coiffeurs.com

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L' équipe de la rédaction de L' ECLAIREUR composée de  Brice Thiron, Florence Baumann assisté de l' éditeur Christian GUY ainsi que d' autres contributeurs occasionnels ont  réuni les archives de L'ECLAIREUR,  Vous bénéficiez ainsi de plus de 75 ans d' expérience de la coiffure cumulées par nos équipes,  lesquelles ont interviewé  les plus grands professionnels,  dans tous les métiers.

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21 février 2011

; Comment embaucher et gérer un apprenti ?

Prendre des apprentis, c’est transmettre son savoir, c’est aussi rencontrer, peut-être, de futurs collaborateurs. Quelques pistes pour que tout se passe bien... et que le séjour de l’apprenti apporte aussi quelque chose au salon ! Les déceptions existent, mais nous avons rencontré des maîtres d’apprentissage heureux !
1 - CHOISIR LA BONNE PERSONNE
C’est primordial. Et souvent, ce ne sont pas les qualités purement techniques qui font la différence.
Evidemment, plus le salon reçoit de demandes, plus la sélection peut être drastique. Si tout le monde n’est pas obligé de procéder par journées d’essai ou entretiens successifs, tous nos interlocuteurs s’accordent à juger la présentation (voire la propreté !), l’éducation, et la motivation déterminantes, autant que les capacités strictement professionnelles. Même si «on peut se tromper !» reconnaît Sylvie Bourgnon («Haute coiffure Bourgnon», à Bordeaux). «16-17 ans, c’est un âge fluctuant par nature.» Le niveau scolaire, surtout dans les salons positionnés sur un créneau haut de gamme, compte aussi. Poussant le paradoxe, Olivier Dufresne (5 salons «Figure libre» à Bordeaux) affirme : «S’il ne sait pas couper les cheveux, je m’en fiche, je lui apprends. Je recherche des gens ayant un certain sens artistique, une bonne communication. Par exemple, je leur demande d’aller dans la rue me ramener des modèles, certains mettent 10 minutes à en trouver, d’autres 2 heures, c’est donc que leur sens du contact n’est pas le même.» Justement, vu la jeunesse des apprentis, certains patrons demandent même à rencontrer les parents. Ce qu’ils attendent d’eux ? Une implication, une présence, un suivi au niveau scolaire. «L’idéal pour moi, même si bien sûr ce n’est pas mon seul critère de sélection, c’est le jeune issu d’une famille de commerçants. Car il a déjà acquis un certain sens du contact avec la clientèle, des nécessités du service», estime Jean-Louis Lazorthes (salon Lazorthes à Toulouse), dont l’équipe de 18 personnes compte en permanence 3 apprentis. Il va jusqu’à faire lire et signer le règlement intérieur du salon à l’apprenti ainsi qu’à ses parents, «un acte sans valeur juridique, reconnaît-il, mais destiné à lui faire réaliser qu’il a certaines responsabilités, qu’on attend de lui certains comportements...» Bien aussi : faire participer l’équipe au choix, gage d’une meilleure intégration.
2 - LE FORMER POUR PLUS D’EFFICACITÉ
L’intérêt du salon, c’est un apprenti efficace. Et pour cela, un mot d’ordre : la formation ! En salon ou ailleurs.
Pourquoi tant d’incompréhensions, voire de tensions entre apprentis et maîtres d’apprentissage ? Bien sûr, les jeunes ne sont pas irréprochables. Au ban des accusés : la «génération 35 heures», accusée dans le métier de compter son temps. «De leur côté, certains maîtres d’apprentissage ne prennent pas le temps de délivrer tout leur savoir. Nous sommes une entreprise familiale, et je les implique directement dans la vie du salon», nuance Sylvie Bourgnon.
De toute façon, si l’apprenti s’investit pleinement dans la vie du salon, tout le monde sera gagnant. Car au fond, pourquoi accueillir des apprentis ? Car si tous les coiffeurs évoquent «la transmission du savoir», «du métier», etc, Olivier Dufresne, seul, brise le tabou en évoquant les allègements de charges. «C’est aussi pour des raisons économiques qu’on prend des apprentis. Alors, autant qu’ils soient rentables !»
Et pour ça, une solution : la formation. «Chez nous, tout le monde, même les deux qui préparent leur BP, participe à la formation de l’apprentie en CAP», note Sylvie Bourgnon. Chez Jean-Louis Lazorthes, les trainings -un tous les 15 jours- sont assurés à tour de rôle par chaque coiffeur, «pour qu’ils s’imprègnent de styles différents. Et je les vois une fois par mois, lors de courtes réunions d’une demi-heure, pour faire le point sur leur évolution.» Dans les salons Figure Libre, enfin, l’apprenti sait d’ores et déjà qu’il consacrera ses jeudis soirs et deux jours de congé par mois à se former. Jocelyne Devaud, autrefois coiffeuse, est coordinatrice pédagogique du pôle «Soins à la personne» du CFA de Bordeaux. «Certains coiffeurs envoient leurs apprentis suivre les stages chez les fournisseurs, au même titre que leurs collaborateurs», apprécie-t-elle.
3 - L’IMPLIQUER DANS LE TRAVAIL QUOTIDIEN
Plus il participe, mieux c’est... pour tout le monde. Quitte à moduler les tarifs !
«S’intégrer dans une équipe, c’est nouveau pour eux», poursuit Jocelyne Devaud. «Les maîtres d’apprentissage ne pensent pas toujours à les aider à ce niveau. Autre problème souvent rencontré : la timidité vis-à-vis de la cliente, notamment pour vendre.» «Pas de problème chez nous, assure Sylvie Bourgnon : on présente les apprentis aux clientes, et elles trouvent plutôt bien qu’on prenne des jeunes.» Une solution peut être, dans les salons assez structurés, de désigner un coiffeur qui lui servira de tuteur, de repère, qui l’épaulera plus spécifiquement.
«La principale difficulté que mentionnent les jeunes en salon est de ne pas avoir la possibilité de couper durant tout leur apprentissage», estime Jocelyne Devaud. L’implication peut être très progressive ou rapide, selon les salons. Mais de toute façon, comme le dit Olivier Dufresne, «Les faire travailler, c’est la seule façon de les motiver. Chez moi, ils ont aussi droit aux primes mensuelles».
Le souci, dès qu’on lâche les apprentis dans le grand bain, c’est le risque, réel ou supposé, qu’on fait prendre à la clientèle. «Et c’est plus embêtant de louper une cliente que, pour un apprenti boulanger, de rater une baguette !» reconnaît Jocelyne Devaud. Outre la progressivité, nécessaire, certains maîtres d’apprentissage, tels Olivier Dufresne et Laurent Decreton, ont instauré un tarif différent selon le niveau de qualification ou d’expérience du coiffeur. Cela peut être une solution, la cliente confiant sa chevelure à un débutant en toute connaissance de cause.
Bien aussi : lui permettre de travailler ses modèles au salon en l’encadrant... en exigeant bien sûr qu’il évite les heures de rush !
«Il y a peu, l’apprentissage était un peu déconsidéré, d’où la tendance à les appeler des «juniors» pour éviter de prononcer le terme d’apprenti», observe Jocelyne Devaud. «Heureusement, cette notion revient un peu en grâce.» Que le jeune soit ensuite embauché ou non, l’apprentissage reste une des bases du métier. «Accueillir des jeunes en formation, dans des entreprises artisanales comme les nôtres, moi je trouve que ça devrait être obligatoire !» s’exclame même Sylvie Bourgnon.■
TEMOIGNAGES
LAURENT DECRETON ("Coiffure Friedmann Decreton", à Metz) :
"des collaborateurs à part entière"
«Nous sommes une équipe de 17 et avons en permanence 3 apprentis. Je suis très attentif au choix des personnes : j’attends des apprentis qu’ils soient capables d’adopter l’esprit du salon, je fais donc attention à leur comportement général, leur présentation, et même à leur niveau scolaire. Concernant les capacités professionnelles, après une première sélection je leur fais faire des journées d’essai au salon, et ensuite seulement on prend une décision. Je dis «on» car l’équipe participe au choix final : c’est très important pour faciliter l’intégration des jeunes. Une fois au salon, ils reçoivent une formation qui fait l’objet d’un programme spécifique : tous les 15 jours, on leur fait faire un training sur les bases ou sur leurs points faibles. Chacun s’occupe d’eux, ils n’ont pas vraiment un maître d’apprentissage dédié. En plus, je les envoie aux stages sur les bases chez le fournisseur. Bref, je les prends comme des collaborateurs à part entière.
Si on sent qu’ils ont envie de réussir, on les laisse travailler au salon, mais bien sûr en suivant une progression : d’abord tout ce qui touche au bac, puis de petits balayages sur des jeunes, des coiffages, des coupes enfants, et ils réalisent des coupes dames en fin d’apprentissage. Et s’ils ont moins d’expérience que les autres, c’est compensé par le prix pratiqué : dans mon salon, les tarifs varient selon le niveau du coiffeur. « Idée : pour mieux cerner la personnalité des jeunes qui postulent, je leur demande d’écrire une lettre de motivation, dans laquelle ils expliquent comment ils voient le métier, et comment ils s’y projettent plus tard.»