NOS EXPERTS

La Rédaction de L'Eclaireur www.leclaireur-coiffeurs.com

La Rédaction de L'Eclaireur www.leclaireur-coiffeurs.com

L' équipe de la rédaction de L' ECLAIREUR composée de  Brice Thiron, Florence Baumann assisté de l' éditeur Christian GUY ainsi que d' autres contributeurs occasionnels ont  réuni les archives de L'ECLAIREUR,  Vous bénéficiez ainsi de plus de 75 ans d' expérience de la coiffure cumulées par nos équipes,  lesquelles ont interviewé  les plus grands professionnels,  dans tous les métiers.

POSER VOS QUESTIONS POSER VOS QUESTIONS POSER VOS QUESTIONS
02 mars 2011

Bonsoir,
Comment ( et doit) choisir sa musique dans un salon ?

Comme la déco ou l'accueil, l'ambiance musicale est un peu la signature du salon. Pour que la musique soit autre chose qu'un "fond musical"..."On ne met pas assez en scène nos salons !" : c'est le cri du coeur de Richard Rousseau (salon "Richard Rousseau" à Angers). C'est en donnant de la personnalité à son affaire qu'on attire une clientèle qui nous ressemble et qu'on se démarque. Et ça passe aussi par l'ambiance musicale...

VAGUES ET RELIEFS
Richard Rousseau s'avoue "très attentif" à l'aspect musical, "et les clients m'en font la remarque". Cet ancien des radios libres cible l'ambiance musicale selon le moment de la journée : dans son salon, le matin, à l'heure de la "morning coupe", on commence doucement, avec des disques "de relaxation" ou fédérateurs (Norah Jones, Aznavour...), avant de passer à des choses plus nerveuses, CD de DJ ou groupes types Dimitri from Paris. En fin d'après-midi, on "redescend", avec des morceaux plus cool, type lounge. "Je ne conçois pas de bosser sans musique", affirme Hervé, responsable avec Sabine du salon "Amaryllis" à Paris 18ème. Ses choix ? "Tout sauf des choses violentes type techno ou hard rock." Au fil des heures, et de la clientèle ("S'il y a beaucoup de jeunes, on se lâche un peu plus"), la musique oscille entre jazz, soul, classique, house... sans oublier les "grands fédérateurs" type Franck Sinatra. "Il faut savoir créer des vagues, du relief dans une journée", approuve Philippe Engels (Formul'A). "Chez Tchip, c'est sans doute plus dynamique, plus dance, chez Vog, plus lounge..." Question d'âge et de clientèle.

AMBIANCE ZEN...
L'une des grandes tendances actuelles en salon, c'est sans conteste l'ambiance musicale zen, voire dépouillée. En plein boboland parisien, dans son salon "R Végétal", ciblé "écolo urbain", Alain Teixeira a choisi : on écoute FIP toute la journée. "C'est très varié : world, classique, soul, country, rock (en ce moment, on entend beaucoup le dernier album d'Higelin)... mais toujours soft." S'il est depuis longtemps un fidèle auditeur de la station, il estime que "ça colle bien avec l'ambiance : massages ayurvédiques, etc. Je récupère des gens qui, ailleurs, se sentent agressés par la musique... et par plein d'autres choses !"
Chez "Hair & Wave", niché en plein coeur du Marais parisien, "l'idée était aussi d'avoir une ambiance musicale qui reflète l'esprit du salon : zen, minimaliste...", souligne Patrice, l'un des deux responsables. Lumière tamisée, métal, ambiance de loft, le salon, de par son emplacement, accueille trois grands types de clientèle : "les gens qui habitent le quartier, les gays, les touristes", énumère Patrice. Pour fédérer ces strates de clientèle autour du concept, les maîtres des lieux optent pour une musique type "Asian lounge", Buddha Bar... avec un peu de jazzy le matin. "Je suis moi-même un peu "asiaphile", si l'on peut dire. Je suis attentif aussi à programmer des morceaux originaux." Une atmosphère qui préfigure l'évolution prévue du lieu, qui intégrera par la suite esthétique et spa.
Ce parti-pris de "zenitude" est poussé à son point extrême chez le Marseillais Fabrice Mongilardi. Adepte des produits professionnels naturels et des produits ménagers biodégradables, il refuse toute "musique agressive". Chez lui, l'ambiance musicale est composée pour moitié de musique -opéra, musique douce...- et pour moitié de chants d'oiseaux et autres bruits d'eau qui coule ! "J'ai investi dans un mini Juke Box - l'ancêtre du MP 3 !-" sourit-il, "qui contient 300 CD, avec une lecture aléatoire. Bien sûr, quand il y a beaucoup de monde, on passe des choses un peu plus "speed"." Le speed étant, chez Fabrice... de la musique lounge. Façon de parler donc.

...OU  PLUS ÉLECTRIQUE
Changement radical d'atmosphère chez Space Hair, au coeur des Halles. Ici, on coiffe au son d'une musique de "dance floor", house et techno, son monté de préférence. Un choix totalement assumé. "C'est vrai que ça attire, déjà de l'extérieur on nous entend", note Jeff, responsable du spa. Dans ce quartier tendance, Space Hair a su attirer une clientèle que ce choix séduit, ou au moins ne rebute pas. Quitte à devoir composer avec le voisinage... Preuve que la tendance actuelle "Buddha Bar, Café Costes et chant d'oiseaux" trouve aussi son antithèse. Seule concession : "Nous avons deux salons, le Cosmic, à clientèle jeune, et le Spa, à tranches d'âges plus variées", poursuit Jeff. "Dans le Spa, c'est moins fort." Chez Franck Gaye, à Soissons, techno et musique électronique sont à l'honneur, avec entre autres des webradios branchées techno ou R'nB. Cela correspondrait-il à sa clientèle ? "ça nous correspond !" corrige-t-il aussitôt. "Notre clientèle est très variée. Mais c'est ce que j'aime et ai envie d'entendre toute la journée, ainsi que l'équipe." C'est aussi un tout. "C'est en bonne osmose avec le lieu, poursuit-il, le mobilier, la déco..." Le salon fraîchement rénové s'inscrit en effet dans une mouvance "techno chic". Cependant, même dans cet univers, le "lounge" trouve place de temps en temps ; quant au bac, havre des soins, qui se trouve dans une petite pièce à part, il est baigné d'une musique douce.

CÔTÉ PRATIQUE
Sur le plan juridique, que l'on passe des CD ou une radio, il faut acquitter des droits à la Sacem, de l'ordre d'une centaine d'euros annuels. Les choses se compliquent si l'on souhaite dupliquer des CD pour plusieurs points de vente. Ainsi, chez Formul'A, on caressait à un moment l'idée de composer des CD qui serviraient de fond musical aux salons Vog et Tchip. L'affaire s'est cependant avérée complexe, dans la mesure où il aurait fallu demander, pour chaque morceau, l'autorisation de la maison de disques concernée, en raison de la duplication. "ça représentait environ 300 morceaux répartis sur 6 CD. On a laissé tomber", se souvient Philippe Engels. Question technique, Eric Pfalzgraf dispose d'installations "multizones" qui permettent de faire varier la puissance selon le lieu : soft dans les cabines privées et au bac, plus soutenue dans les places de coiffage (à cause des séchoirs) et à l'accueil... Chez Franck Gaye, qui s'avoue très "branché technique", 4 haut-parleurs (un dans chaque angle) diffusent surtout les sons aigus et médium, tandis qu'un caisson de basse est situé dans une partie un peu isolée du salon. "En gros, on estime qu'il faut un haut-parleur pour 25 m2", juge Richard Flageul (Music Matic).
L'idée est aussi de trouver un juste équilibre entre l'inaudible et le son trop fort. "Une musique trop forte contribue à près d'un quart de la fatigue d'un coiffeur en fin de journée", estime Eric Pfalzgraf. Une remarque qui ne convainc pas tout le monde : "On ne prend pas de l'aspirine en rentrant !" s'exclame Jeff (Space Hair). "Toute la journée dedans, on est habitué, et c'est quand même moins fort qu'en boîte..."
Qu'importe au fond le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse

ET SI ON SOUS-TRAITAIT ?
Pour ceux qui ne se sentent pas une âme de programmateur, reste la possibilité de "sous-traiter" la gestion de l'ambiance musicale. Nombre de sociétés proposent leurs services dans ce domaine. Music Matic, en France depuis peu, se présente comme un "challenger". "L'équipe vient en majorité de la radio", détaille Richard Flageul, responsable pour la France. "Ils ont une double compétence, musicale et technique : ils peuvent créer un format musical et maîtrisent les outils studio." Concrètement, Music Matic propose aux commerçants 2 types de produits. Le Doowap s'adresse aux mono-points de vente, leur offrant le choix entre une dizaine de programmes organisés en thèmes : pop-rock, latino, etc... Pour les réseaux ou groupements comprenant au moins une dizaine de magasins, Music Matic propose la MM BOx, une programmation "sur mesure" avec au démarrage un "atelier musical" destiné à cerner les attentes et le "territoire" de la marque, puis un suivi au quotidien. La programmation est mensuelle. L'agence est en phase de test dans un grand réseau de coiffure : l'idée est de rythmer le programme musical par des messages vantant les extensions ou le dernier shampooing du fournisseur. Reste à savoir si la cliente a envie d'entendre des spots publicitaires jusqu'à l'intérieur du salon. "C'est justement à cela que sert un test", sourit Richard Flageul.


CE SOIR, ON GUINCHE...
Il est des salons où, de temps en temps, on fait une drôle de nocturne. Qui peut se prolonger jusqu'à 2 heures du matin. Amaryllis, au pied de la Butte Montmartre, est de ceux-là. Artistes, stylistes, clients... le mélange des genres est à l'honneur, ce qui n'empêche pas l'équipe de continuer à couper les cheveux et coiffer. "Au départ, ces soirées avaient lieu les nuits de pleine lune, c'était un peu l'accroche : couper les cheveux ce soir-là pour qu'ils poussent mieux", se souvient Hervé. "Maintenant on continue sans systématiquement tenir compte de ça, l'important c'est l'ambiance." Forcément, "niveau musique, ça pulse un peu plus qu'en salon..." A Angers, chez Richard Rousseau, c'est un jeudi soir sur deux qu'un DJ vient mixer, ainsi que les samedi après-midi. Pour sa part, Eric Pfalzgraf a conservé les "après-midi DJ" uniquement dans le Coiff1rst de la rue Montorgueil, près des Halles.


COIFF1RST OU LA MUSIQUE AU COEUR
"La musique est faite pour les clients, pas pour le coiffeur !" martèle Eric Pfalzgraf (Coiff1rst). C'est sans doute l'un des coiffeurs qui a la démarche la plus aboutie en la matière, ce qui participe de son ambition affichée de "devenir une marque". Il a depuis quelques années abandonné les CD au profit "d'un gros matériel MP3", qui lui permet de prévoir la programmation musicale 2 mois à l'avance pour tous les salons. "C'est moi qui prends la décision, mais il est important que les collaborateurs adhèrent. Leurs propositions sont donc les bienvenues au "comité d'écoute" organisé tous les 2 mois." La journée démarre avec du classique et de l'opéra ; entre 12 et 15 heures, c'est plus jazzy-lounge ; en début d'après-midi, tubes et R'nB emportent le morceau ; à partir de 17 heures, on passe à  un esprit "pré-sortie", plus speed, avant de s'apaiser en début de soirée avec du classique. Le bon truc : "on met à disposition de la clientèle notre programmation musicale, ce qui lui permet de choisir l'heure de ses rendez-vous aussi en fonction de ça." Chaque année, Eric Pfalzgraf, qui a créé sa société de production et travaille aussi avec la société d'habillage sonore Mood Media, commercialise un CD des morceaux diffusés en salon, l'argent récolté étant reversé à une association.