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La Rédaction de L'Eclaireur www.leclaireur-coiffeurs.com

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L' équipe de la rédaction de L' ECLAIREUR composée de  Brice Thiron, Florence Baumann assisté de l' éditeur Christian GUY ainsi que d' autres contributeurs occasionnels ont  réuni les archives de L'ECLAIREUR,  Vous bénéficiez ainsi de plus de 75 ans d' expérience de la coiffure cumulées par nos équipes,  lesquelles ont interviewé  les plus grands professionnels,  dans tous les métiers.

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21 février 2011

Quelles règles à retenir pour le choix des outils de coupe ?

A l’heure où tout le monde parle du retour des coupes pleines et géométriques, la question de l’utilisation appropriée des outils resurgit. Et les formateurs de répéter : « Maîtrisez vos bases, avant d’agir au feeling ! » Alors que la tendance effilage et piquetage profond cède le pas à des coupes plus construites, le travail réalisé « à l’instinct » pose problème. Mais les allers et retours de la mode ne surprennent plus les coiffeurs, et ils sont prêts à s’adapter, comme en témoigne leur usage du « roi des outils ».

CISEAUX DROITS : ATTENTION AU RATAGE !
Les ciseaux droits, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, sont donc plébiscités. Pour un coiffeur, apprendre à les maîtriser, c’est comme travailler ses gammes pour un musicien. Un exercice parfois agaçant au début, puis libérateur par la suite. Et là, ô surprise !, les formateurs décernent un bon point général : les lacunes graves sont du domaine de l’exception. Le contraire serait un comble, puisque les formations dédiées à l’usage de cet outil sont les plus demandées. Un satisfecit, donc. Oui, mais… « Un maniement inapproprié de l’instrument, des angles de coupe incorrects et une mauvaise posture du coiffeur sont difficiles à corriger », analyse Didier Becault, de CPI Formation. Les ciseaux se conçoivent comme un prolongement de la main et du bras, le travail ne se résumant pas à la simple détermination des angles de coupe. Et Eric Meillerais, de l’académie éponyme, d’insister : « Cet outil s’impose de fait, mais le travail réalisé avec des ciseaux droits manque souvent de précision. Nombre de coiffeurs ne se tiennent pas assez près de la personne à qui ils coupent les cheveux et optent pour des lames d’une taille de 6 cm à 6 ½ cm, pas forcément adaptées. Sans descendre jusqu’à 4 cm, je préconise les lames  modernes de 5 cm: elles sont de moins en moins souvent dotées d’une micro-denture, mais ne glissent plus ; et elles s’avèrent parfaites en raison de leur polyvalence. » A moins, bien sûr, de maîtriser à la perfection, dans le domaine de la coupe masculine, le maniement des ciseaux longs en peigne-ciseaux… ce qui est malheureusement de plus en plus rare. Avec des ciseaux longs, le ratage ne pardonne pas ! Plutôt que de se focaliser sur la taille des lames, Daniel Montesantos (Académie Montesantos) rappelle sans relâche l’essentiel : « On n’est pas forcément moins rapide avec des lames courtes. Tout est une question d’organisation de la coupe et de son cheminement. Certains ne peuvent s’empêcher de revenir plusieurs fois sur la même mèche : c’est une perte de temps et d’efficacité. La construction de la coupe exige de la rigueur, le travail ‘‘au feeling’’, on le réserve pour la finition. » Est-il besoin de rappeler deux notions fondamentales ? L’obligation de posséder plusieurs paires de ciseaux et la nécessité de bannir les premiers prix. Car, malheureusement, certaines gammes, plus « fun » qu’efficaces et confortables, tant pour le coiffeur que pour le client, connaissent un véritable succès. C’est d’autant plus vrai si, en prime, on se lance dans un beau jeu d’effilé-glissé ou dans la réalisation d’une ligne géométrique, celle-ci ne pardonnant aucune approximation. Quant à l’utilisation de plusieurs outils à la fois, les formateurs rappellent en chœur qu’elle s’impose pour certaines techniques, mais aussi pour certaines épaisseurs ou textures de cheveux.

LES SCULPTEURS SÈMENT LE DOUTE
Ils sont souvent mal aimés, mais ils font le bonheur des coupeurs approximatifs : vous l’aurez deviné, il s’agit des ciseaux sculpteurs ! « Ils me donnent de l’urticaire, plaisante Eric Meillerais. C’est un vrai gâchis que de laisser les débutants en abuser, c’est le meilleur moyen de ne jamais apprendre correctement la coupe ! Quant à les utiliser pour désépaissir les cheveux, pourquoi pas ? Mais souvent, on les manie mal, en travaillant trop près des racines ; et lors de la repousse, au bout de 3 semaines, on obtient des volumes imprévus, mal maîtrisés. » Pour nombre de puristes, les risques de coupe imprécise, de repousse anarchique des cheveux ou de dégradé approximatif cantonnent les ciseaux sculpteurs au travail de finition, même en coupe masculine. Cependant, ils sont réellement utiles dans des cas très particuliers : par exemple pour les cheveux épais qui présentent une ligne de coupe trop marquée ou pour les cheveux blond clair, qui peuvent faire trop ressortir les démarcations. Mais le travail de finition -usage le plus fréquent des ciseaux sculpteurs- s’effectue souvent sur cheveux secs. La qualité de la lame est alors essentielle, pour obtenir une coupe suffisamment précise et ne pas tirer sur le cheveu. Cela permet d’éviter l’erreur classique, qui consiste à répéter le geste de coupe sur la même mèche, avec un résultat plus qu’aléatoire. Un léger piquetage aux ciseaux droits atténue les lignes de coupe, c’est l’idéal pour les « nouvelles » coiffures géométriques adoucies ; mais l’utilisation des ciseaux sculpteurs donnera un résultat similaire. Si l’on pense à cet outil pour désépaissir dans les demi-longueurs, il peut aussi se révéler efficace pour créer l’effet inverse, le volume : on travaille alors près des racines, les petits cheveux servant de
« tiges-guides ». Les ciseaux sculpteurs sont aussi tout à fait appropriés pour la réalisation de coupes courtes masculines, un peu éclatées.

LA TONDEUSE, ARME FATALE
Elle est parfois mal aimée, elle aussi. Et pourtant… René Sebaoon, adepte de la tondeuse en général et des Hair Cut by Moser à têtes classique, effileuses ou rasoirs, en particulier, le rappelle : « La tondeuse pâtit surtout du mauvais usage qu’on en fait ; lorsqu’elle est correctement utilisée, elle n’appauvrit pas la matière des cheveux. La tête effileuse dont je me sers en conserve même deux fois plus que lors d’un effilage réalisé au rasoir classique. Ce qui est formidable, avec la tondeuse, ce sont les possibilités offertes en matière de création. Harlow en a été l’un des meilleurs exemples. » Eric Meillerais trouve lui aussi cet outil utile, même s’il le réserve le plus souvent au travail de finition : « Lors d’une démonstration, pour réaliser un beau carré graphique ou, rapidement, une coupe géométrique précise, je ne négligerais pas la tondeuse. Mais cela ne dispense pas de bien étudier au préalable le crâne du modèle, afin de respecter le tombant naturel des cheveux et leur implantation, au lieu de se lancer sans réfléchir ! » Pas de critique fondamentale, non plus, du côté de Didier Becault : « Les tondeuses sont de plus en plus ergonomiques et donnent des résultats parfaits sur certains types de matière capillaire : on peut les utiliser notamment pour effiler un gros cheveu ou pour réaliser des coupes très graphiques. On peut aussi en jouer sur les longueurs ou pour obtenir des effets décrochés sur des mèches, en retirant de la matière de façon ciblée. Cet instrument est efficace et rapide… presque trop, d’ailleurs ! Car il est parfois difficile de se démarquer, aux yeux du client, par rapport aux coiffeurs qui l’utilisent mal : en effet, la tondeuse n’a pas toujours une image positive auprès de la clientèle. » En coiffure masculine, elle reste un outil pratique pour créer une coupe en brosse régulière, mais on la manie souvent sans subtilité : dans ce cas, certaines erreurs ne pardonnent pas. « C’est valable aussi pour un coup de ciseaux droits malencontreux, tempère René Sebaoon. Mais quel plaisir, avec une tondeuse, de pouvoir travailler de façon aérienne, tout en fluidité, comme un sculpteur… »

RASOIR : UN DÉCLIN ENRAYÉ ?
Le rasoir, c’est l’outil « déchu » qui revient en douceur, mais sans s’imposer complètement, grâce aux rasoirs de sécurité de type feather. Eric Meillerais le conseille pour la réalisation de coupes de cheveux un peu déstructurées ou effilées : « Mais je ne suis pas emballé par ceux qui l’utilisent pour les bas de nuque. Le rasage occasionne une repousse plus drue qu’un travail plus subtil exécuté aux ciseaux, voire à la tondeuse. » Inconvénient de la coupe au rasoir : le coiffeur tenant peu la mèche, le contact de la main avec le cheveu est limité, ce qui peut entraîner une perte de précision dans la coupe. A l’inverse, gros avantage de cet outil, pour peu qu’on le manie correctement : l’effilage ou l’« épluchage » en glissé sur les longueurs est assez naturel. Dans le registre opposé, la coupe graphique, qui est plus dans l’air du temps, est aisée à réaliser avec le rasoir. Les coiffeurs hommes le redécouvrent et l’utilisent, en complément bien sûr, du fameux peigne-ciseaux. Beaucoup de formateurs privilégient les ciseaux pour la construction initiale de la coupe et réservent le rasoir à l’habillage en finition ; cela évite les marques ou les trous dans la chevelure, difficiles à réparer, et dus à un travail exécuté au feeling plutôt que de façon classique, avec les séparations appropriées. Si l’on respecte toutes les étapes d’une coupe classique, rien n’interdit cependant d’utiliser le rasoir. Encore un exemple qui montre que si quasiment toutes les coupes peuvent être réalisées avec un seul instrument, savoir utiliser tous les outils libère la main et l’esprit.

COUPER... DU BON PIED