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La Rédaction de L'Eclaireur www.leclaireur-coiffeurs.com

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L' équipe de la rédaction de L' ECLAIREUR composée de  Brice Thiron, Florence Baumann assisté de l' éditeur Christian GUY ainsi que d' autres contributeurs occasionnels ont  réuni les archives de L'ECLAIREUR,  Vous bénéficiez ainsi de plus de 75 ans d' expérience de la coiffure cumulées par nos équipes,  lesquelles ont interviewé  les plus grands professionnels,  dans tous les métiers.

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06 mars 2011

Coiffage aux doigts ? une technique qui monte..

Une majorité de coiffeurs continue de pratiquer systématiquement le séchage classique à la brosse et au sèche-cheveux. Or pour nombre de coiffures, cette approche est inadaptée, et va même à contre-courant des techniques de coupes. Le coiffage aux doigts est-il le fossoyeur du brushing ? Peut-être pas, mais il représente une autre vision du coiffage, plus en adéquation avec les coupes actuelles. Avec cette technique, bien sûr, pas question de tenter un lissage -un look toujours d’actualité en salon-, ni un décollage de racines, mais on peut en revanche s’essayer à un placement différent : en finition, pour flouter, ou dans le cadre d’un travail plus profond de la texture. « Dans mon salon, toutes les femmes ont la tête en bas et on agite les doigts dans leurs cheveux. Le brushing est interdit ! », plaisante Richard Rousseau, coiffeur à Angers et membre de l’équipe artistique d’Eugène Perma. « Plus sérieusement, il est nécessaire de tout savoir pratiquer, mais le coiffage aux doigts et le séchage, plutôt que le brushing classique, progressent. C’est plus adapté aux coupes actuelles, y compris pour des carrés plus naturels. Cela a l’avantage de rendre le coiffage plus facile pour les clientes et cela permet… de leur vendre plus de produits ! » Pour cela, il convient d’expliquer pourquoi une cire ou une mousse sont indispensables, et de donner quelques recettes pour reproduire chez soi les effets élaborés au salon. Le plus difficile, dans la coiffure aux doigts, n’est pas l’application, finalement assez instinctive, mais bien d’oser… quitte à avoir quelques surprises, au début, comme l’avouent certains expérimentateurs impénitents ! Mais rien d’irrattrapable, tant que l’on évite l’écueil majeur : la surcharge de produits.

RAPIDITÉ ET EFFICACITÉ AVANT TOUT
« Je suis souvent surpris par les coiffeurs qui viennent en stage, commente Bruno Estatoff, de l’Académie Bruno & Marco, à Lyon. Ils se lancent dans un travail de coupe tendance de mieux en mieux maîtrisé, mais continuent d’attaquer leurs mèches à la brosse ronde pour réaliser un décollage de racines classique. C’est à contre usage, cela donne un effet apprêté qui ne correspond pas à leur travail initial. Si le style se veut dans la mouvance anglo-saxonne, la brosse plate peut donner, par touches, d’autres directions, tandis que le positionnement aux doigts va dans le sens de la coupe, avec le double avantage de placer les mèches et de créer une gestuelle, un jeu quasi scénique, plus tendance. La matière peut en revanche se reprendre par touches, au lisseur. Faire évoluer les coupes, mais pas les coiffages, cela crée un vrai décalage. La peur de déplaire fait souvent oublier que l’on a une clientèle pour le brushing ou le lissage et une autre pour des coiffures plus libres, qui n’attend que nos propositions ! » Et son compère Marco Geraci de renchérir : « Nous avons un stage avancé d’astuces de coiffage qui plaît bien. Froissages aux doigts, crans ou tortillons ont par contre du mal à se frayer une place dans la pratique quotidienne, alors qu’ils pourraient faire l’objet d’une utilisation concrète, d’autant que les « trucs » de coiffage permettent de donner une identité plus forte au salon. » Sans oublier l’aspect purement pratique, comme le souligne Richard Rousseau : « les femmes ont moins de temps, et veulent des techniques qui amènent plus de liberté, de la maniabilité et des directions plus déstructurées, mais qui se tiennent bien. Cela permet de donner une autre vie à un simple carré ou de sortir des coiffures statiques et rigides. Et il faut bien reconnaître que les fournisseurs nous offrent aujourd’hui de quoi faire aussi bien, sur des coupes courtes (y compris pour les femmes), avec de simples gels qu’avec des pâtes et des cires. L’esprit surf et street fonctionne bien. »

RETROUVER LE SENS DU CHEVEU
Éviter la brosse a un autre avantage : cela limite l’action mécanique endurée par le cheveu, lequel se retrouve moins contraint dans son sens de placement et moins exposé à la chaleur et à la traction. Ainsi, le coiffage aux doigts est souvent associé à un séchage simple. Contrairement au brushing, il provoque moins de sensibilisation du cheveu que l’usage répété de chaleur. Le sèche-cheveux est alors utilisé en appoint, pour la définition de boucles par exemple, en association directe avec le creux de la main, comme l’explique Stéphane Amaru, formateur indépendant et coach chez Schwarzkopf Professional. « Le travail aux doigts permet de placer la matière, mais aussi d’appliquer de façon précise les coiffants appropriés afin de renforcer une texture ou de la modifier. Cela contribue à donner un effet particulier, en alternant les effets mats ou brillants. Utiliser tout le potentiel du cheveu en tant que matière implique un contact direct pour mieux sentir la fibre. Petit « plus » intéressant, on valorise l’action de coiffage et de création du coiffeur. Il peut donner des conseils qui permettront d’entretenir son look à la maison. » Un coiffage aux doigts, même basique, est souvent très efficace, comme le montrent un simple séchage, un léger assouplissement coiffé aux doigts, ou encore un enroulage rapide sur les demi-longueurs. Avec la pratique et la connaissance des produits, on peut rapidement s’orienter vers des looks plus étudiés. Grâce au travail aux doigts, par touches, la précision et la sensibilité s’ajoutent à la perception directe de l’orientation naturelle du cheveu. Pour autant, là encore, il ne s’agit pas de s’enfermer dans une technique : il ne faut pas hésiter à s’aider d’un peigne ou d’une brosse, ou de tout autre outil, sur certaines sections.  Car le coiffage aux doigts permet aussi bien de jouer le naturel -invisible et pourtant très étudié- que d’obtenir des résultats plus maîtrisés. Il s’agit alors de choisir des fixations plus fortes, voire extrêmes (façon looks Tecktonik), l’astuce étant alors de mélanger les coiffants pour ajouter de la brillance et des jeux de lumière. « Pour les mélanges et pour placer les produits aux bons endroits, l’utilisation des mains est obligatoire, il n’y a que comme cela que l’on peut doser précisément », conclut Stéphane Amaru.

UNE APPLICATION PRÉCISE ET REPRODUCTIBLE
« Il est clair que, pour les jeunes, le coiffage aux doigts est une quasi évidence, constate Patrice Borde, hairdesigner France pour Matrix. Ce n’est pas un choix de notre part, mais bien une réalité de la demande ! J’ai toujours une clientèle classique, pour les brushings, mais sur des coupes courtes ou bouclées, qui reviennent en force, rien de tel que les mains. Les techniques de coupes actuelles se marient bien avec le travail aux doigts et nécessitent l’utilisation de pas mal de produits. Ces looks sont aussi plébiscités par une nouvelle clientèle à la fois adepte de looks naturels et de produits s’inscrivant dans la même logique. Les coiffants soins et/ou à base de plantes lui sont particulièrement destinés. Il ne suffit pas d’avoir un geste technique pour la contenter, car elle veut des explications. Cela demande donc de bien connaître les effets des produits mais aussi leur composition ! » Des études, notamment celle de la Fédération des entreprises de beauté (FEBEA), font ressortir que deux tiers des clientes sont en attente de conseils pratiques pour le quotidien. En parallèle, la demande majoritaire s’établit surtout dans deux directions : des coiffages adaptés aux coupes et aux jeux de textures actuels, et des coiffures faciles et rapides à mettre en forme. « Créer des looks reproductibles, c’est nécessaire, précise encore Patrice Borde. Notre travail consiste à expliquer comment donner de la tenue, et en quoi le contraste et la brillance renforcent telle ou telle coupe… Cela fait vendre, sans pour autant forcer la main, car c’est une évidence, le client est immédiatement sensibilisé au résultat. Le coiffant est un révélateur, mais le plus important réside dans l’anticipation du résultat et en premier lieu dans la coupe ! » Quant au client, il comprend ce qu’il achète, ce qui crédibilise l’œil et le savoir-faire du coiffeur. Ce à quoi certains coupeurs rétorquent cependant qu’une bonne coupe se suffit à elle-même, sans brushing certes, mais aussi sans artifices de coiffage