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La Rédaction de L'Eclaireur www.leclaireur-coiffeurs.com

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L' équipe de la rédaction de L' ECLAIREUR composée de  Brice Thiron, Florence Baumann assisté de l' éditeur Christian GUY ainsi que d' autres contributeurs occasionnels ont  réuni les archives de L'ECLAIREUR,  Vous bénéficiez ainsi de plus de 75 ans d' expérience de la coiffure cumulées par nos équipes,  lesquelles ont interviewé  les plus grands professionnels,  dans tous les métiers.

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15 décembre 2010

Bonjour,

J' entend parler un peu à droite à gauche de concept de coiffure à la carte ? Qu' entend on par cela exactement? Cela représente t il un potentiel de développement prometteur

Certains salons invitent la cliente à consommer exclusivement les prestations qu’elle souhaite, voire à mettre la main à la pâte, en échange de prix tirés à la baisse… Ces formules connaîtront-elles un regain de succès en ces temps de crise ?

Se sécher les cheveux soi-même ou demander à sa meilleure amie de le faire, voire arriver les cheveux déjà lavés : c’est ce que proposent, pour tout ou partie, les marques qui jouent la carte… de la coiffure à la carte, justement. Elles prennent ainsi le contre-pied des salons qui attirent la clientèle en proposant, eux, des forfaits tout compris. Lancée par le groupe Serge Comtesse en 1994, l’enseigne « Self’ Coiff » compte aujourd’hui une quarantaine de salons, principalement en Alsace. L’idée maîtresse est que la cliente a la possibilité de participer à la prestation en se séchant les cheveux elle-même. « Nous ne lui facturons donc pas le brushing. Du coup, les collaborateurs gagnent du temps, peuvent accepter plus de clients, et les salons sont rentables », explique Serge Comtesse. Convaincu d’avoir eu la bonne idée, il a d’ailleurs pris la précaution de protéger nombre de noms et de termes pouvant évoquer ces prestations en partie réalisées par les clients. La formule « Self Kid » permet d’autre part aux parents de laver et sécher eux-mêmes les cheveux de leur progéniture : « La mère fait des économies et, en passant au bac, réalise pour un instant son rêve de petite fille, devenir coiffeuse », poursuit-il.

ON APPORTE SES PRODUITS
 Si, chez « Self’ Coiff », les prestations « auto-réalisées » sont volontairement limitées, d’autres marques vont nettement plus loin. Cap sur Toulouse : dans les 3 salons « Kiosk à coiffure » de Jean-Claude Aubry, on trouve aussi les sèche-cheveux en libre accès, mais ce n’est pas tout. « Le concept fonctionne dans un esprit « bulle de liberté ». La cliente construit sa prestation comme elle le souhaite», détaille Cécile Devillard, responsable marketing  et communication du groupe Jean-Claude Aubry. « Au «Kiosk», il est possible d’arriver les cheveux mouillés, après avoir fait son shampooing à la maison », continue-t-elle. Encore plus inattendu : « Le client peut apporter des produits achetés hors du salon -les collaborateurs du «Kiosk à coiffure» les appliquent-, moyennant, bien sûr, une prestation moins chère. » Plus au nord, en Charente-Maritime, Franck Verrier, contrôleur de gestion, peaufine depuis 1998 un concept voisin, qui a connu sa première mise en application en 2004, à Saintes, sous le nom d’« Espace Clodimer ». Depuis, 2 nouveaux salons ont ouvert, à Rochefort et à Saint-Jean-d’Angély (il s’agit d’une forme de label, avec prise en charge de la gestion). Le concept repose sur des frais limités au maximum et des produits de marques de distributeur. Là aussi, la cliente peut se faire le shampooing à la maison et réaliser elle-même son brushing au salon, grâce aux prêt du séchoir et des coiffants. L’équation s’avère simple : « Le brushing réalisé par la cliente, c’est un collaborateur libéré, et aussi une économie d’énergie, car dans ce cas, il dure de 4 à 5 minutes, contre 12 à 15 si quelqu’un du salon s’en charge, explique Franck Verrier. Il représente aussi pour nous un bon ressort publicitaire, car nos clientes reviennent en groupe. »  Le concept va encore plus loin : «  La cliente peut aussi nous acheter le tube de couleur et décider de l’appliquer chez elle, aidée par nos conseils. »

UN SUCCÈS EN HAUSSE ?
Ces formules vont-elles prospérer avec la crise ? Les réactions du monde de la coiffure ont toujours été… contrastées, la plus fréquente consistant à accuser les promoteurs de ces concepts de « tuer » la profession. Bien sûr, ceux-ci calment le jeu et se défendent de vouloir vider les salons traditionnels. « ‘‘Self’ Coiff’’ permet de «récupérer» les femmes qui faisaient leur couleur à la maison et avaient opté pour la coiffure à domicile », souligne ainsi Serge Comtesse. Et du côté de Jean-Claude Aubry, on rappelle que le ‘‘Kiosk à coiffure’’ a été lancé pour reconquérir « les déçues de la coiffure traditionnelle, qui disaient «non» aux forfaits » et s’étaient donc détournées des salons. Cécile Devillard poursuit : « L’application solo, c’est-à-dire la possibilité de se faire appliquer en salon le produit qu’on a apporté, a fait couler beaucoup d’encre, mais au final, les clients utilisent peu cette option. Dans la plupart des cas, cette demande émane de personnes âgées très attachées à un produit précis, ou de clients auxquels le dermatologue a prescrit un shampooing spécifique. » Pour Franck Verrier, une partie des clientes retournent au fil du temps aux prestations couleur réalisées en salon car, « vu le tarif auquel nous vendons le tube, le différentiel de prix ne s’avère pas énorme ». De toute façon, force est de constater que se sécher les cheveux soi-même n’est pas non plus devenu la norme en France. Ces affaires présentent donc un positionnement bien spécifique.
Si les salons « Espace Clodimer » revendiquent un excellent mois de février, identique à un mois de décembre, au « Kiosk à coiffure » on estime qu’il est « trop tôt » pour savoir si la crise actuelle bénéficiera au concept, même « s’il peut y avoir un effet «achat malin» ». Pour Serge Comtesse, « cela fait 2 ans que les deux extrêmes prospèrent, le luxe et le ”low cost”, comme ‘‘Self’ Coiff’’, alors que le moyen-haut de gamme connaît des difficultés ». Cela dit, pour sa part, le groupe Provalliance, engagé dans un vaste mouvement de refonte et d’harmonisation de ses enseignes, fait passer les salons « City Looks », qui fonctionnaient eux aussi à la carte, sous la bannière « Coiff&Co ». Et abandonne, dans le même mouvement, les prestations à la carte pour les forfaits caractéristiques de « Coiff&Co ». A suivre, donc…

DES ATELIERS « DO IT YOURSELF »
Yves Le Flem, coiffeur, propose aux particuliers deux ateliers en petits groupes : « Allô maman cizo » donne aux parents les bases de la coupe enfant ; « Self-coiffage » a pour mission d’apprendre aux femmes à se recoiffer seules entre deux visites au salon, à réaliser différents coiffages à partir d’une même coupe et à soigner leurs cheveux. Des ateliers qui, on s’en doute, suscitent dans la profession de l’intérêt chez certains et de l’inquiétude chez d’autres. D’autant qu’un reportage récemment diffusé sur M6 a braqué les projecteurs sur cette initiative. Yves Le Flem souligne que son but n’est nullement de vider les salons, et que son idée date d’avant la crise. « Je suis coiffeur, je ne vais tout de même pas me tirer une balle dans le pied !, sourit-il. De plus en plus de gens ont envie d’apprendre à faire des choses manuelles eux-mêmes, d’où le succès des ateliers cuisine, couture… et je surfe sur cette tendance, c’est vrai ! Mais ces gens qui s’inscrivent à ”Allô maman cizo” auraient, de toute façon, coupé eux-mêmes les cheveux de leurs enfants ; quant aux ateliers ”Self-coiffage”, force est de reconnaître qu’en salon, on n’a pas toujours le temps d’expliquer à la femme comment se recoiffer chez elle. » Et il souligne que les ateliers ayant lieu dans des salons partenaires, c’est à l’équipe d’en profiter pour approcher ces clients potentiels.

 

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