Si le traditionnel site Internet peut apparaître comme une première étape en matière de communication digitale, il semble désormais plus utile de miser sur des outils 2.0 bien plus stratégiques pour le professionnel. Leur but ? Inciter le client à pousser les portes du salon et influencer, ensuite, son parcours d’achat.
Les confinements dus à la crise sanitaire ont accéléré l’utilisation du digital en salon. Une tendance que certaines marques avaient déjà anticipée. « Depuis 2018, nous aidons nos coiffeurs à intégrer le digital dans leur quotidien. C’est un moyen formidable et peu coûteux pour recruter et garder le lien avec la clientèle », débute Stéphane Glady, directeur du développement Business L’Oréal DPP France. Le groupe Thierry Lothmann a été jusqu’à réaliser, il y a quelques semaines, un audit sur le thème au sein de ses 70 salons. « Sans surprise, les salons qui comptabilisent les meilleurs chiffres sont ceux qui travaillent l’axe digital », assure Maud Lecat, directrice de la communication.
Mode d’emploi
Pour cela, adoptez sans attendre les bons réflexes ! Offrez tout d’abord une visibilité à votre espace en vous inscrivant gratuitement à Google My Business. Horaires, photos, site Internet, réseaux sociaux… cet annuaire digital des temps modernes mentionnera ces informations très utiles sur Google, le moteur de recherche leader, et sur la célèbre application de cartographie Maps. « Des avis clients peuvent être présentés. S’ils sont positifs, le salon apparaîtra dès les toutes premières pages », précise Anthony Desmars, P.-D.G. de Shortcuts. Google My Business peut également proposer la prise de rendez-vous en ligne. Leader en la matière, Planity recense près de 10 000 salons en France, dont 90 % de coiffeurs indépendants. « Notre but est de développer la visibilité des professionnels de la beauté et le chiffre d’affaires, tout en leur faisant gagner en temps et en confort », ajoute Jérémy Queroy, directeur commercial.
Facebook, Instagram...
Chouchous des coiffeurs, les réseaux sociaux sont de vrais alliés à condition d’en maîtriser les codes ! Aussi, vérifiez que votre futur post met en avant les atouts du salon et cible la bonne clientèle. Instagram, qui réunit des personnes jeunes adeptes d’images de qualité, est la plateforme idéale pour vos créations les plus artistiques. Dédié à un public plus âgé, Facebook préférera, lui, les messages d’information en tout genre et les prestations plus classiques. « Évitez la publication trop commerciale. La consommatrice doit avoir l’impression de feuilleter son magazine préféré lorsqu’elle découvre vos posts », rappelle Anaïs Loubère, dirigeante de l’agence La Digitale Pipelette. Côté rythme, prévoyez trois posts par semaine, avec de courtes vidéos, des photos « avant-après » ou d’ambiance. Bonne nouvelle, l’application Placeloop peut préprogrammer vos messages et vous libérer ainsi l’esprit ! Multipliez également vos abonnés en vous mettant en scène dans les vidéos, en proposant des jeux-concours sur Facebook, et n’oubliez pas l’option « marketplace » qui adore mettre en contact le consommateur avec le professionnel ! « Concrètement, les marques de la division dirigent la cliente vers un salon partenaire en proposant des coupons de réduction sur certains de nos services », ajoute Stéphane Glady.
Écrans stars
Installez dans la vitrine des écrans digitaux en veillant au contenu du message. « Prestations, offres produits, témoignages de clients… l’information doit attirer l’œil de la future cliente à l’extérieur du salon ! », détaille Philippe Koehler, cogérant avec son frère Antoine des salons Koehler Coiffeur en Alsace créés en 1946. À l’intérieur de ces espaces, les écrans trônent au niveau du bac et suggèrent aux clientes confortablement installées des services coiffure non prévus lors du diagnostic. Fondateur et gérant de Pierre Coiffeur à Limoges, Pierre Daudet met à la disposition de sa clientèle des tablettes digitales. « Elle peut consulter nos collections de photos, les campagnes de communication digitales que je créé moi-même, ou surfer sur Internet pour le plaisir. » Mais l’écran peut aussi être un moyen de communication directe entre le coiffeur et sa cliente. Lors du premier confinement, de nombreuses femmes ont spontanément contacté Christophe-Nicolat Biot, à la tête de cinq espaces éponymes en France, via Skype ou Facetime. « Elles ne savaient plus comment entretenir leurs cheveux. » Face au succès, le coiffeur a, depuis, intégré officiellement ce service sous le nom de « Visio Color ».
Smartphone
Le téléphone portable nous accompagne dans tous les actes de la vie quotidienne. Un constat qui incite les entreprises de coiffure à redoubler d’inventivité. De ce fait, L’Oréal Professionnel a imaginé l’application inspirante L’Oréal Access, qui est « un peu le Youtube de la coiffure » selon Stéphane Glady, mais également Style My Hair Pro, qui permet de visualiser une coiffure sur le visage de la cliente. « Dans un futur proche, le rendu pourra être transmis à des miroirs connectés », poursuit le responsable. La nouvelle application Bleu Libellule met à disposition de la clientèle du coiffeur l’intégralité de son catalogue. « La consommatrice passe commande et reçoit ses produits chez elle ou au salon, dans un colis neutre sans logo Bleu Libellule », explique Antonin Landolfi, directeur des opérations commerciales. Le groupe Artémis lance, lui, un service adapté à la revente. La cliente scanne avec son téléphone portable une puce collée sur les soins sélectionnés par le coiffeur. Elle découvre la fiche produits et fait son choix en toute tranquillité. « Une augmentation de 15 à 35 % du chiffre d’affaires revente a été observée lors des phases de tests », estime Jérôme Guiraud, président du groupe. « Et aucune application n’est nécessaire », renchérit Michel Gomez, directeur général. Pas de doute… le salon du futur risque bel et bien de s’articuler autour de moyens digitaux pertinents pour le coiffeur, mais il devra fort heureusement toujours compter sur l’humain !
Chiffres
46,2 millions d’internautes surfent quotidiennement sur Internet (Médiamétrie).
36 millions de Français de 18 ans et plus possèdent un compte Facebook. 17 millions sont inscrits sur Instagram (Soprism/ LSA).
Trois questions à Nicolas Savella, directeur commercial chez Ikosoft
Quel comportement adopte le coiffeur en matière de digital ?
Le site Internet est entré dans les mœurs et le coiffeur maîtrise plutôt bien les réseaux sociaux. Toutefois, il délaisse des points importants comme les traitements de données. Le professionnel n’a pas toujours le réflexe de récupérer auprès de sa clientèle ce type d’informations. La fiche client n’est pas à jour et cela limite les possibilités de fidélisation et de recrutement par le biais d’outils digitaux.
Quelles en sont les conséquences en salon ?
La clientèle devient vieillissante et le coiffeur perd le lien avec un public jeune et connecté. Or, ce dernier a l’habitude d’être contacté via des sms, des e-mailings. De grandes enseignes beauté comme Sephora l’ont très bien compris et communiquent très régulièrement avec la clientèle des salons de coiffure grâce au marketing digital.
Le marketing digital est donc un segment indispensable pour le coiffeur ?
C’est même le marché de demain ! Un client est fidélisé dès la troisième visite, d’où l’importance de garder le contact avec lui par des opérations ciblées, et surtout automatisées, afin de faire gagner du temps au coiffeur. Relance première visite, points de fidélité, parrainage, offre découverte produits ou services, opération couponing sous forme de sms, e-mail ou courrier… les solutions sont nombreuses !
Exergues
Christophe-Nicolas Biot : lors du premier confinement, les clients ont privilégié les salons à proximité de leur domicile. Les coiffeurs qui ne prennent pas le virage du digital sont en danger car ils limitent le recrutement d’une nouvelle clientèle.
Philippe Koehler : il faut toujours avoir un temps d’avance en matière de digital. Nous rêvons déjà de proposer un système de rendez-vous en ligne par sms, géré par un robot !
Pierre Daudet : le digital offre de très bons résultats à condition de s’y investir vraiment. J’y consacre quotidiennement 1 h 15 et cela draine sept nouveaux clients par jour, soit 85 000 € de chiffre d’affaires en termes de prospects.
Pierre Curti, directeur général associé du salon de coiffure homme et barbier Everyone Speaks à Bordeaux
Notre espace s’articule autour de quatre associés et de fidèles collaborateurs. Chacun gère des tâches bien distinctes. Je m’occupe de la communication digitale et veille au moindre détail ! Ainsi, les photos artistiques postées sur Instagram sont volontairement peu retouchées. Le but est de montrer que le résultat peut être beau sans trucage !
Photo: L'Oréal Professionnel
Texte: Sarah Ellero
